Je me souviens d’une époque, à ma première arrivée à Vancouver il y a dix ans, où l’on ne voyait pas un Vancouverois sans son mug personnel. Venant de France, je me rappelle avoir trouvé ça étonnant, même si cela correspondait bien à la réputation de hippies qui collait (et colle toujours) aux Vancouvérois ! Qu’on fut sur le campus de UBC ou en centre-ville, en ballade à voilier ou en randonnée, qu’il fut rempli d’eau, de café, de thé ou même de bière (!), le mug était à Vancouver ce que le veston-cravate était (et est toujours !) à Toronto.
Je me souviens d’un temps où, au comptoir du café, la question par défaut était « sur place ou à emporter ? » et non pas « tall or grande? » ; où la joie de déguster son café assis était fortement liée à la sensation bien particulière de la tasse en céramique ou en porcelaine sur les lèvres ; où les tables des cafés étaient bariolées de tasses au milieu des journaux du matin...
À présent, la question ne se pose plus et le gobelet en papier fleurit partout : à la main du passant, sur le rebord d’une fenêtre, aux lèvres du conducteur, et même par terre... Les poubelles de la ville en regorgent. Mais ce qui m’attriste le plus, c’est de voir ces paper cups sur les tables des cafés. Même lorsqu’ils savent qu’ils vont siroter leur brevage sur place, plus personne ne prend le temps de demander une tasse…
Qu’est-ce qui a provoqué ce changement ? Est-ce le coût du remplacement des mugs en porcelaine (qu’on m’a dit être souvent volés par les clients) ? Est-ce le coût de faire tourner le lave-vaisselle ? Ou bien est-ce juste la paresse et le fait qu’il est plus simple de recycler ou de jeter ces fameux gobelets en papier ? Je me suis laissé dire aussi que les nouveaux gobelets en papier étaient pratiques et presque esthétiques, alors que dans le temps, les gobelets en polystyrène étaient à la fois laids, peu commodes et dangereux pour la santé… Mais dans mon esprit, cela ne justifie pas d’avoir enterré le bon vieux mug écologique !
Alors à quand le retour du mug perso dans la rue ? À une époque où recyclage, environnement et développement durable sont sur toutes les lèvres, où est la conscience écologique des Vancouvérois ? Et s’il ne vous fallait qu’une raison financière (le portefeuille restant toujours un point sensible), sachez que chez Starbucks, la touche « personal mug » à la caisse vous permet d’économiser 10 centimes ! C’est la façon qu’a Starbucks de faire participer ses clients à son programme de réduction des déchets. Selon leur site internet, utiliser son mug perso 13,5 millions de fois permettrait de réduire les déchets papier de… 266 tonnes. Sûrement une goutte d’eau dans l’océan de déchets générés annuellement, mais cela a tout de même son impact.
Alors aux armes, Vancouver ! Sortez vos mugs de vos armoires, dépoussiérez-les, lavez-les et redevenez ces Vancouvérois éco-conscients, fiers d’arborer un mug à vos couleurs accroché à votre sac.
À bon entendeur, ...
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