Verbatim
Une Parisienne à Vancouver


Carine Vindeirinho


 


Ce qui m’a immédiatement frappée, à Vancouver, c’est la politesse et le respect des gens. La politesse se traduit par de petites choses : un « merci ! » au chauffeur en descendant du bus, se déchausser en arrivant chez quelqu’un (alors que je me suis fait rembarrée à Paris après avoir demandé à un ami d’en faire de même chez moi...). Le respect, c’est celui des règles et des gens : en voiture, c’est ne pas s’engager dans une intersection bouchée, ou s’arrêter pour laisser passer les piétons... Ce sont aussi les restos et les bars non fumeurs. Il y a cinq ans, seuls les restos étaient non fumeurs ; c’était déjà un bonheur par rapport aux restos français soi-disant mi fumeurs - mi non fumeurs (où votre table peut se retrouver à 2 m de celle d’un fumeur...) Mais en revenant à Vancouver cette année, cela a été une joie de trouver aussi des bars non fumeurs. Et puis surtout, cela n’a l’air d’embêter personne : les fumeurs vont dehors sans se plaindre et les non fumeurs profitent de l’endroit et rentrent chez eux sans empester la cigarette !


Le respect, c’est aussi reconnaître l’espace personnel et les différences de chacun : le cosmopolitisme de Vancouver s’accompagne d’une grande tolérance ; on ne se sent ni différent ni marginal, mais partie d’un grand tout...

En matière de style de vie, il n’y a pas plus différent que Paris et Vancouver... Ce que j’aime à Vancouver, c’est que les gens sont vraiment « laid back » comme on dit ici : ils sont « cool » et prennent la vie comme elle vient, comme un cadeau.

Comme ils ont moins de vacances, les gens profitent plus de chaque moment de détente : mes weekends sont comme de petits congés où j’arrive réellement à déconnecter et à me ressourcer... Et dans la semaine, il n’est pas rare de voir même le PDG d’une grande boîte ou le directeur marketing d’une autre partir à 16 ou 17h pour aller faire de la voile ou son jogging le long de la plage... Difficile à imaginer à Paris où le culte de l’heure sup’ est encore puissant...

Certes, tout n’est pas parfait à Vancouver, on s’en doute. Il est, par exemple, plus difficile d’être satisfait culturellement ... Il existe de très bons musées, des salles de concert et de théâtre, des expositions, des bars et des restaurants de toutes couleurs, mais rien n’égale la diversité parisienne. Cependant, qui vient à Vancouver fuit aussi Paris, quelque part, avec son gigantisme culturel : trop de choses à faire, trop de musées à visiter, trop de restaurants à fréquenter, ce qui laisse souvent au Parisien un goût amer d’insatisfaction dans la bouche. Combien de fins de semaines me suis-je retrouvée à Paris fatiguée d’avoir voulu trop faire, et insatisfaite de ne pas avoir pu tout faire... À Vancouver, je trouve l’équilibre plus facilement atteignable, plus « humain ». Je retourne toujours avec joie à Paris, mais je suis encore plus heureuse de quitter cette ville magnifique, mais épuisante. Vancouver, au contraire me ressource jour après jour, entre un pique-nique à la plage un soir, un ciné le lendemain, et une randonnée en fin de semaine...

J’ai trouve les gens beaucoup plus débrouillards et entrepreneurs ici. Les étudiants ont des boulots d’été dès leur plus jeune âge et continuent une fois à l’université : depuis le livreur de journaux de 7 ans au serveur de resto en 3ème année à la fac. Que ce soit pour le premier argent de poche ou pour payer leurs études (beaucoup plus chères qu’en France il est vrai) les jeunes Canadiens apprennent très tôt à se prendre en main, et à prendre action pour leur avenir. Ceci leur donne un esprit plus indépendant, qui leur insuffle le goût de l’entrepreneuriat dans un pays où les charges sont plus faibles et les initiatives gouvernementales plus favorables qu’en France, ce qui explique cette capacité des Canadiens à se lancer plus facilement dans l’aventure de leur propre boîte.