Portables et journaux gratuits à Vancouver
A new feature this week : une page sur l'actualité culturelle de Vancouver. Cette semaine, les téléphones portables et les journaux gratuits
Vancouver et les téléphones portables
Cela fait depuis mon arrivée ici que je veux écrire sur l'attitude des Vancouverois face aux portables. Une nouvelle loi qui vient de passer me pousse enfin à le faire.
Quand j'ai quitté le Canada, il y a cinq ans, encore peu de gens avait des portables. Mon retour en France a donc été un sacré choc : je n'ai pas réussi à tenir plus de deux mois avant d'être forcée (et je pèse mes mots) à en prendre un. Entre les rendez-vous changés aux derniers moments (qu'ils soient professionnels ou personnels), les amis uniquement joignables par ce moyen, le coût engendré sur ma pauvre facture de téléphone fixe... J'ai dû rendre les armes !
Bien que j'ai appris à en apprécier le côté pratique de pouvoir se joindre facilement, de n'importe où, je me suis toujours sentie "obligée" d'avoir ce portable, je ne m'en suis jamais libérée dans ma tête. De plus avec l'avantage d'être facilement joignable, vient bien sûr le même désavantage ! Vous imaginerez donc aisément le bonheur avec lequel j'ai remis mon portable à Flo le matin de mon départ à l'aéroport... Je me préparais avec délectation à arriver dans un monde où les gens chérissaient leur liberté et ne se pliaient pas aux ridicules lois de la mode culturelle...
Quelle déception ! En cinq ans, le portable avait réussi à conquérir le coeur des Canadiens. Rien à voir encore avec la France et son nombre de portable supérieur aux lignes fixes et presque supérieur au nombre d'habitants (!) mais tout de même une présence bien plus importante qu'au moment de mon départ.
Quelle n'a pas été ma surprise surtout de voir la façon dont les Vancouvérois utilisaient leur portable. Les Canadiens sont réputés être un peuple tellement policé, tellement respectueux des lois et du bien-être non seulement personnel mais aussi des autres... Et bien les voila-t-y pas qui se prennaient à beugler dans leur portable en plein bus, dignes d'un métro parisien surchargé. Je me retrouvais encore une fois à essayer de ne pas écouter les exploits sexuels du week-end de ma voisine de bus ou les derniers cancans de bureau du type assis derrière moi.
L'attitude en voiture m'a aussi choquée. Encore une fois, pour des gens tellement à cheval sur les principes, les lois, les choses à ne pas faire, je les retrouvais à conduire en téléphonant. J'avais naïvement pensé qu'ils seraient sur ce coup là bien en avance sur la France. Et bien pas du tout, aucune loi n'avait encore été passée pour interdire l'utilisation du portable au volant... Il est vrai que les voitures étant pour la plupart automatiques, l'usage du téléphone ne pose pas les mêmes problèmes de "coordination manuelle" mais pour ce qu'il est de l'attention nécessaire en conduisant, là zéro pointé.
Et bien, tout ça va peut-être changé. Il semblerait (mais je n'ai pas réussi à vérifier l'information) qu'une nouvelle législation soit mise en place en Colombie Britannique pour couper votre conversation portable si vous conduisez trop vite. Des satellites permettraient de vérifier votre vitesse et de couper la transmission de signaux portables pour un usager se déplaçant au-delà d'une certaine vitesse... C'est encore à voir mais ça ne me semblerait pas une si mauvaise idée s'il n'y avait pas un problème : si vous êtes passager, vous êtes fichu vous aussi puisque le satellite n'a aucun moyen de savoir que vous n'êtes pas le conducteur. Vos conversation seront donc coupées aussi ! Enfin... Mais bon, mis à part ce qui est sûrement un canular du 1er avril, j'espère quand même que le comportement des vancouverois s'améliorera rapidement sur ce coup-là...
De mon côté, j'espère en tout cas résister le plus longtemps à ce joyau de la technologie ! Ce qui me permet d'espérer pouvoir survivre sans, c'est que contrairement à la France, il n'est pas plus cher ici d'appeler un portable. D'ailleurs, ils n'ont même pas d'indicatif spécial (comme notre 06) ce qui fait que l'on ne sait pas forcément qu'on appelle un portable. C'est le même prix qu'un appel local (c'est à dire gratuit pour un appel d'un poste fixe puisque tous les appels locaux sont inclus dans l'abonnement ici depuis des années - mais bon, l'abonnement est quand meme CA$27) et c'est en fait le propriétaire du portable qui paie la différence. Les forfaits ici décomptent donc à la fois quand on appelle et quand on est appelé... Bizarre mais bon, ça fonctionne ainsi, avec la plupart des forfaits offrant soirs et week-ends gratuits... En tout cas, ça devrait me permettre de pouvoir continuer à m'en passer, d'autant plus que les cabines téléphoniques sont encore nombreuses. Mais bon, tout ça retire deux des raisons qui m'avaient poussé à acheter moi-même un portable, mais pas la dernière et la plus chiante : que faire quand je commence à rater des coups de fil pendant que je suis en vadrouille... Pour l'instant, je n'ai pas eu de problèmes. Je continue donc de faire de la résistance ! À suivre...
Les journaux gratuits
Jusqu'à présent, Vancouver était dominé par la presse classique, l'équivalent de notre Monde, Figaro, Humanité... Vancouver était quand même le théâtre d'une bataille sans merci entre les principaux groupes: Vancouver Sun, Globe and Mail, National Post, The Province... Ça se tirait un peu dans les pattes pour attirer le chaland. Voilà-t-y pas que trois petits nouveaux sont arrivés sur la scène vancouveroise, mais pas n'importe quels nouveaux : des journaux gratuits. En fait, c'est assez marrant, il s'agit de "Metro", de "24 hours" et de "Dose". Pour Metro, c'est le même qu'à Paris. Il s'agit en fait d'un titre international qui appartenant à un groupe suédois. Son introduction ici s'est faite avec la participation du groupe propriétaire du Toronto Star et du Groupe CanWest (qui possède les journaux le Sun, le Province ET le National Post !!!). 24 hours serait l'équivalent de son rival à Paris "20 minutes". Ce titre appartient au magnat de la presse de la Côte Ouest, Jim Pattison (Groupe Sun Media) en collaboration avec un groupe québécois Quebecor. Jim Pattison est du genre la 10ème fortune du pays, aussi connu pour être le propriétaire de la plupart des grands panneaux publicitaires de la région. Enfin, Dose appartient (encore !) à CanWest, et là vous comprendrez que cette guerre sans merci est vraiment (comme d'hab) une guerre de groupe.
En tout cas, la bataille fait rage, entre les trois journaux gratuits d'une part qui se tirent dans les pattes, et entre les autres journaux régionaux qui tentent de ne pas perdre de parts de marché. Une grande question qui se soulève est en tout cas la qualité éditoriale des journaux : avec CanWest qui domine quand même terriblement le marché, on peut craindre une perte de diversité de l'information.
L'autre question est celle des encarts publicitaires. Elle est plus épineuse puisque les pubs représentent une grande partie des rentrées d'argent (pour les deux types de journaux d'ailleurs.) Or, comme chaque groupe propriétaire d'un journal est aussi un conglomérat d'entreprises, personne ne s'étonne que certaines de ces entreprises se payent plus facilement des pages de pub dans son journal préféré. Retour d'ascenseur on pourrait dire, ou tranfert d'argent en interne diraient les plus sceptiques. Mais aussi, les journaux gratuits proposant des encarts de pub moins chers, ils risquent de forcer les autres journaux à diminuer leurs prix aussi, ce qui a en général pour effet de les obliger à réduire du même coup leurs autres frais et ce sont alors les budgets éditoriaux qui trinquent... Retour au problème de qualité éditoriale. Le souci, c'est que le Bureau d'Études de la Competition ne compte rien faire car il "semblerait" que les différents grands groupes n'enfreignent pas la loi sur la compétition (?) Le problème, c'est que certains de ces groupes supportent certains partis politiques à grands coups de sous, alors vous imaginez que personne ne va bouger...
Enfin, voilà pour aujourd'hui. Une petite fenêtre sur la vie culturelle à Vancouver... Prochains thèmes ? J'en avais deux en tête mais je les ai oubliés... Allez, ce sera la surprise !
(samedi 2 avril 2005 à 16h)
En route vers les photos !